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ET VIRGINIE

de l’espérance à un seul homme ; pourquoi le souverain protecteur de l’innocence ne peut-il venir, par quelque voie secrete, au secours d’une ame vertueuse qui ne met sa confiance qu’en lui seul ? A-t-il besoin d’employer quelque signe extérieur pour exécuter sa volonté, lui qui agit sans cesse dans tous ses ouvrages par un travail intérieur ?

Pourquoi douter des songes ? La vie, remplie de tant de projets passagers et vains, est-elle autre chose qu’un songe ?

Quoi qu’il en soit, celui de mes amies infortunées se réalisa bientôt. Paul mourut deux mois après la mort de sa chere Virginie, dont il prononçoit sans cesse le nom. Marguerite vit venir sa fin huit jours après celle de son fils avec une joie qu’il n’est donné qu’à la vertu d’éprouver. Elle fit les plus tendres adieux à madame de la Tour, « dans l’espérance, lui dit-elle, d’une douce et éternelle réunion. La mort est le plus grand des biens, ajouta-t-elle ; on doit la désirer. Si la vie est une punition, on doit en souhaiter la fin ; si c’est une épreuve, on doit la demander courte. »

Le gouvernement prit soin de Domingue et de Marie,