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PAUL

secourus par eux, sacrifient leur liberté pour avoir du pain, et passent leur vie renfermés dans des couvents.

paul.

« Quel pays que l’Europe ! Oh ! il faut que Virginie revienne ici. Qu’a-t-elle besoin d’avoir une parente riche ? Elle étoit si contente sous ces cabanes, si jolie et si bien parée avec un mouchoir rouge ou des fleurs autour de sa tête ! Reviens, Virginie ! quitte tes hôtels et tes grandeurs. Reviens dans ces rochers, à l’ombre de ces bois et de nos cocotiers. Hélas ! tu es peut-être maintenant malheureuse !… » Et il se mettoit à pleurer. « Mon pere, ne me cachez rien : si vous ne pouvez me dire si j’épouserai Virginie, au moins apprenez-moi si elle m’aime encore, au milieu de ces grands seigneurs qui parlent au roi, et qui la vont voir ?

le vieillard.

« Oh ! mon ami, je suis sûr qu’elle vous aime par plusieurs raisons, mais sur-tout parcequ’elle a de la vertu ». À ces mots il me sauta au cou, transporté de joie.