ces statues qu’on tire entieres des champs de la Grece et de l’Italie, et qui, pour avoir été ensevelies dans le sein de la terre, ont échappé à la fureur des barbares.
« Vous voyez donc que pour acquérir la gloire orageuse des lettres, il faut bien de la vertu, et être prêt à sacrifier sa propre vie. D’ailleurs, croyez-vous que cette gloire intéresse en France les gens riches ? Ils se soucient bien des gens de lettres, auxquels la science ne rapporte ni dignité dans la patrie, ni gouvernement, ni entrée à la cour. On persécute peu dans ce siecle indifférent à tout, hors à la fortune et aux voluptés ; mais les lumieres et la vertu n’y menent à rien de distingué, parceque tout est dans l’état le prix de l’argent. Autrefois elles trouvoient des récompenses assurées dans les différentes places de l’église, de la magistrature et de l’administration ; aujourd’hui elles ne servent qu’à faire des livres. Mais ce fruit, peu prisé des gens du monde, est toujours digne de son origine céleste. C’est à ces mêmes livres qu’il est réservé particulierement de donner de l’éclat à la vertu obscure, de consoler les malheureux, d’éclairer les nations, et de dire la vérité même aux rois. C’est,