Page:Bernardin de Saint-Pierre - Paul et Virginie, Didot, 1806.djvu/243

Cette page a été validée par deux contributeurs.
130
PAUL

rois, seroit condamnée en France à être éternellement plébéienne. Comme je vous l’ai dit, ils la mettent quelquefois en honneur lorsqu’ils l’apperçoivent ; mais aujourd’hui les distinctions qui lui étoient réservées ne s’accordent plus que pour de l’argent.

paul.

« Au défaut d’un grand je chercherai à plaire à un corps. J’épouserai entièrement son esprit et ses opinions ; je m’en ferai aimer.

le vieillard.

« Vous ferez donc comme les autres hommes, vous renoncerez à votre conscience pour parvenir à la fortune ?

paul.

« Oh non ! je ne chercherai jamais que la vérité.

le vieillard.

« Au lieu de vous faire aimer, vous pourriez bien vous faire haïr. D’ailleurs les corps s’intéressent fort peu à la découverte de la vérité. Toute opinion est indifférente aux ambitieux, pourvu qu’ils gouvernent.

paul.

« Que je suis infortuné ! tout me repousse. Je suis