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ET VIRGINIE

partie depuis deux ans et deux mois ; et depuis huit mois et demi elle ne nous a pas donné de ses nouvelles. Elle est riche ; je suis pauvre : elle m’a oublié. J’ai envie de m’embarquer : j’irai en France, j’y servirai le roi, j’y ferai fortune ; et la grand’tante de mademoiselle de la Tour me donnera sa petite niece en mariage quand je serai devenu un grand seigneur.

le vieillard.

« Oh mon ami ! ne m’avez-vous pas dit que vous n’aviez pas de naissance ?

paul.

« Ma mere me l’a dit ; car pour moi je ne sais ce que c’est que la naissance. Je ne me suis jamais apperçu que j’en eusse moins qu’un autre, ni que les autres en eussent plus que moi.

le vieillard.

« Le défaut de naissance vous ferme en France le chemin aux grands emplois. Il y a plus ; vous ne pouvez même être admis dans aucun corps distingué.

paul.

« Vous m’avez dit plusieurs fois qu’une des causes