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PAUL

sans prix à Paul lorsqu’il y apperçut un P et un V entrelacés, et formés de cheveux, qu’il reconnut à leur beauté pour être ceux de Virginie.

La lettre de cette sensible et vertueuse demoiselle fit verser des larmes à toute la famille. Sa mere lui répondit, au nom de la société, de rester ou de revenir à son gré, l’assurant qu’ils avoient tous perdu la meilleure partie de leur bonheur depuis son départ, et que pour elle en particulier elle en étoit inconsolable.

Paul lui écrivit une lettre fort longue, où il l’assuroit qu’il alloit rendre le jardin digne d’elle, et y mêler les plantes de l’Europe à celles de l’Afrique, ainsi qu’elle avoit entrelacé leurs noms dans son ouvrage. Il lui envoyoit des fruits des cocotiers de sa fontaine, parvenus à une maturité parfaite. Il n’y joignoit, ajoutoit-il, aucune autre semence de l’isle, afin que le désir d’en revoir les productions la déterminât à y revenir promptement. Il la supplioit de se rendre au plutôt aux vœux ardents de leur famille, et aux siens particuliers, puisqu’il ne pouvoit désormais goûter aucune joie loin d’elle.

Paul sema avec le plus grand soin les graines euro-