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ET VIRGINIE

mais les seuls échos de la forêt répondirent à sa voix, et répéterent à plusieurs reprises : « Virginie… Virginie. »

Paul descendit alors de l’arbre, accablé de fatigue et de chagrin : il chercha les moyens de passer la nuit dans ce lieu ; mais il n’y avoit ni fontaine, ni palmiste, ni même de branche de bois sec propre à allumer du feu. Il sentit alors par son expérience toute la foiblesse de ses ressources, et il se mit à pleurer. Virginie lui dit : « Ne pleure point, mon ami, si tu ne veux m’accabler de chagrin. C’est moi qui suis la cause de toutes tes peines, et de celles qu’éprouvent maintenant nos meres. Il ne faut rien faire, pas même le bien, sans consulter ses parents. Oh ! j’ai été bien imprudente » ! et elle se prit à verser des larmes. Cependant elle dit à Paul : « Prions Dieu, mon frere, et il aura pitié de nous ». À peine avoient-ils achevé leur priere qu’ils entendirent un chien aboyer. « C’est, dit Paul, le chien de quelque chasseur qui vient le soir tuer des cerfs à l’affût ». Peu après, les aboiements du chien redoublerent. « Il me semble, dit Virginie, que c’est Fidele, le chien de notre case ; oui, je reconnois sa voix :