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PAUL

Lataniers jusqu’à l’ouverture où nous sommes, d’où cette riviere commence à couler entre deux collines jusqu’à la mer. Vous y voyez quelques lisieres de prairies, et un terrain assez uni, mais qui n’est guere meilleur que l’autre ; car dans la saison des pluies il est marécageux, et dans les sécheresses il est dur comme du plomb ; quand on y veut alors ouvrir une tranchée, on est obligé de le couper avec des haches. Après avoir fait ces deux partages j’engageai ces deux dames à les tirer au sort. La partie supérieure échut à madame de la Tour, et l’inférieure à Marguerite. L’une et l’autre furent contentes de leur lot ; mais elles me prierent de ne pas séparer leur demeure, « afin, me dirent-elles, que nous puissions toujours nous voir, nous parler et nous entr’aider ». Il falloit cependant à chacune d’elles une retraite particuliere. La case de Marguerite se trouvoit au milieu du bassin précisément sur les limites de son terrain. Je bâtis tout auprès, sur celui de madame de la Tour, une autre case, en sorte que ces deux amies étoient à la fois dans le voisinage l’une de l’autre et sur la propriété de leurs familles. Moi-même j’ai coupé des palissades dans la