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siasmé de son écoliere que de son précepteur ; car voici comme il s’exprimoit plusieurs années après, quand il fut d’un sens rassis :


Ces cieux divers, ces globes lumineux
Que fait tourner Réné le songe-creux
Dans un amas de subtile poussiere,
Beaux tourbillons que l’on ne prouve guere,
Et que Newton, rêveur bien plus fameux,
Fait tournoyer, sans boussole et sans guide,
Autour de rien, et tout autour du vuide.


Je ne sais si l’attraction passera un jour sur la terre, comme dans les cieux, pour la loi unique qui en a formé tous les êtres. Mais que deviendront alors les lois morales qui doivent régir les hommes ? n’est-elle pas une loi morale elle-même, cette loi de la raison universelle qui a créé dans la nature les lois mécaniques, les emploie, les développe, et les perfectionne ? L’architecte d’un palais en a, sans doute, précédé les mâçons.

Oh ! combien nos doctrines humaines ont dégradé parmi nous la science divine ! Les unes nous représentent ce globe comme un ouvrage céleste, dévasté par les démons ; d’autres nous montrent les cieux comme une habitation d’animaux. C’est sous leurs noms et sous leurs images qu’elles font briller les constellations célestes ; et le mécanisme dont elles les font mouvoir renferme, sans contredit, beaucoup moins d’intelligence que les bêtes n’en emploieraient elles-mêmes pour se conduire sur la terre. Qu’en résulte-t-il pour notre instruction et notre bonheur ? Nos premiers documents épou-