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dées , d’amitiés trompeuses , ne me suisje

  • pas fait illusion ! Ces préjugés ne me

sont pas venus seulement sur la foi d’autrui , mais sur la mienne. Ce ne sont point des admirateurs que j’ambitionne t mais des amis indulgens. Je fais bien plus de cas de celui qui excuse mes défauts, que de celui qui exagère mes foibles vertus. L’un me supporte dans ma foiblessç , et l’autre s’appuie sur ma force ; l’un m’aime dans mon indigence , et l’autre dans ma prétendue richesse. Autrefois , j’ai cherché des amis parmi les gens du monde : mais je n’y ai guère trouvé que des hommes qui ne veulent que des complaisans ; des protecteurs , qui pèsent sur vous au lieu de vous soutenir , et qui vous accablent lorsque vous tente* de vous remettre en liberté. Main*tenant, je ne désire pour amis que dès ames simples , vraies , douces , innocentes et sensibles. Elles m’intéressent plus , ignorantes que savantes, souffrantes qu’heureuses , dans des cabanes que dans des palais. C’est pour elles que j’ai fait mon livre, et ce sont elles qui en ont fait la fortune. Elles m’ont fait plus de bien que je ne leur en ai souhaité , pour leur repos. Je leur ai donné quelques consohttions ; et en retour , elles m’ont apporté de la gloire, Je ne leur ai présenté que des espérances ; et elles se sont efforcées de me rendre mille bons offices. Je