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cédés philosophiques sont trop généraux et restent impuissants ; il n’y a pour cela que des méthodes et des procédés scientifiques souvent très-spéciaux qui ne peuvent être connus que des expérimentateurs, des savants ou des philosophes qui pratiquent une science déterminée.

Les connaissances humaines sont tellement enchevêtrées et solidaires les unes des autres dans leur évolution, qu’il est impossible de croire qu’une influence individuelle puisse suffire à les faire avancer lorsque les éléments du progrès ne sont pas dans le sol scientifique lui-même. C’est pourquoi, tout en reconnaissant la supériorité des grands hommes, je pense néanmoins que, dans l’influence particulière ou générale qu’ils ont sur les sciences, ils sont toujours et nécessairement plus ou moins fonction de leur temps.

Il en est de même des philosophes : ils ne peuvent que suivre la marche de l’esprit humain, et ils ne contribuent à son avancement qu’en attirant les esprits vers la voie du progrès, que beaucoup n’apercevraient peut-être pas ; mais ils sont encore en cela l’expression de leur