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La première condition à remplir pour un savant qui se livre à l’investigation expérimentale des phénomènes naturels, c’est donc de ne se préoccuper d’aucun système et de conserver une entière liberté d’esprit assise sur le doute philosophique. En effet, d’un côté nous avons la certitude de l’existence du déterminisme des phénomènes, parce que cette certitude nous est donnée par un rapport nécessaire de causalité dont notre esprit a conscience ; mais nous n’avons, d’un autre côté, aucune certitude relativement à la formule de ce déterminisme, parce qu’elle se réalise dans des phénomènes qui sont en dehors de nous. L’expérience seule doit nous diriger ; elle est notre critérium unique, et elle devient, suivant l’expression de Goethe[1], la seule médiatrice qui existe entre le savant et les phénomènes qui l’environnent.

Une fois que la recherche du déterminisme des phénomènes est admise comme but unique de la méthode expérimentale, il n’y a plus ni

  1. Goethe, Œuvres d’histoire naturelle, traduction de M. Martins, introduction, p. 1.