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en ce sens que tous les phénomènes vitaux n’ont pas la même importance, quoiqu’ils soient connexes et se fassent suite dans l’accomplissement du circulus vital. Ainsi les organes musculaires et nerveux entretiennent l’activité des organes qui préparent le sang ou le milieu intérieur ; mais le sang à son tour nourrit les organes qui le produisent. Il y a là une solidarité organique et sociale qui entretient dans l’économie animale un mouvement sans cesse dépensé et sans cesse renaissant, jusqu’à l’heure où le dérangement ou la cessation d’action d’un élément organique nécessaire amène un trouble dans le jeu de la machine vivante ou même en provoque l’arrêt définitif.

Le problème du médecin expérimentateur consiste donc à trouver le déterminisme simple d’un dérangement organique compliqué, c’est-à-dire à découvrir la condition du phénomène pathologique initial qui amène tous les autres à sa suite par un déterminisme complexe, qui n’est lui-même que l’enchaînement d’un plus ou moins grand nombre de déterminismes simples.