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en dehors de l’univers, peuvent étudier les corps et les phénomènes isolément, sans être obligés pour les comprendre de les rapporter à l’ensemble de la nature ; mais le physiologiste, se trouvant au contraire placé en dehors de l’organisme animal dont il peut voir l’ensemble, doit tenir compte de l’harmonie de cet ensemble en même temps qu’il cherche à pénétrer dans l’intérieur pour analyser le mécanisme de chacune des parties. Il s’ensuit que le physicien et le chimiste peuvent repousser toute idée de causes finales dans les faits qu’ils observent et que le physiologiste au contraire est porté à admettre une finalité harmonique et préétablie dans le corps organisé, dont toutes les actions partielles sont solidaires et génératrices les unes les autres.

Si, à l’aide de l’analyse expérimentale, on décompose l’organisme vivant en isolant ses diverses parties, ce n’est point pour les concevoir séparément. Quand on veut donner à la propriété physiologique d’un organe ou d’un tissu toute sa valeur et sa véritable signification, il faut toujours le rapporter à l’organisme,