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Quand l’expérimentateur est parvenu au déterminisme des phénomènes, il ne lui est pas donné d’aller au delà, et sous ce rapport la limite de sa connaissance est la même dans les sciences des corps vivants et dans les sciences des corps bruts.

La nature de notre esprit nous porte d’abord à rechercher la cause première, c’est-à-dire l’essence ou le pourquoi des choses. En cela, nous visons plus loin que le but qu’il nous est donné d’atteindre, car l’expérience nous apprend bientôt que nous ne pouvons pas aller au delà du comment, c’est-à-dire au delà du déterminisme qui donne la cause prochaine ou la condition d’existence des phénomènes.

Ce que nous appelons le déterminisme d’un phénomène n’est rien autre chose que la cause déterminante ou la cause prochaine, c’est·à-dire la circonstance qui détermine l’apparition du phénomène et constitue sa condition ou l’une de ses conditions d’existence. Le mot déterminisme a une signification tout à fait différente de celle du mot fatalisme. Le fatalisme suppose la manifestation nécessaire d’un phénomène