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ne peuvent supprimer sans nuire à l’avancement même de la science.

Le connu et l’inconnu, tels sont les deux pôles scientifiques nécessaires. Le connu nous appartient et se dépose dans l’expérience des siècles. L’inconnu seul nous agite et nous tourmente et c’est lui qui excite sans cesse nos aspirations à la recherche des vérités nouvelles dont notre sentiment a l’intuition certaine, mais dont notre raison, aidée de l’expérience, veut trouver la formule scientifique.

Ce serait donc une erreur de croire que le savant qui suit les préceptes de la méthode expérimentale doive repousser toute conception à priori et imposer silence à son sentiment pour ne plus consulter que les résultats de l’expérience. Non, les lois physiologiques qui règlent les manifestations de l’intelligence humaine ne lui permettent pas de procéder autrement qu’en passant toujours et successivement par le sentiment, la raison et l’expérience ; seulement, instruit par de longues déceptions et convaincu de l’inutilité des efforts de l’esprit réduit à lui-même, il donne à l’expérience une influence