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Dans l’étude des sciences, notre raison se débat entre le sentiment naturel qui nous emporte à la recherche des causes premières et l’expérience qui nous enchaîne à l’observation des causes secondes. Toutefois les luttes de ces systèmes exclusifs sont inutiles, car dans le domaine de la vérité, chaque chose doit avoir nécessairement son rôle, sa place et sa mesure.

Notre premier sentiment a pu nous faire croire qu’il était possible de construire le monde à priori, et que la connaissance des phénomènes naturels, en quelque sorte infuse en nous, s’en dégagerait par la seule force de l’esprit et du raisonnement. C’est ainsi qu’une École philosophique célèbre en Allemagne, au commencement de ce siècle, est arrivée à dire que la nature n’étant que le résultat de la pensée d’une intelligence créatrice, d’où nous émanons nous-mêmes, nous pouvions sans le secours de l’expérience, et par notre propre activité intellectuelle, retrouver les pensées du créateur. C’est là une illusion. Nous ne pourrions pas même concevoir ainsi les inventions