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au foyer domestique il retrouvait le calme et le repos si nécessaires au savant qui travaille. Sa compagne si dévouée, si digne de le comprendre et de l’apprécier, s’était identifiée à sa vie intellectuelle qu’elle agrandissait en lui dissimulant les soucis mêmes de l’existence. Il en était pénétré quand il répétait : « J’ai le cerveau trop occupé, il faut me faire vivre, » mais il ne goûta les douceurs de la vie intime que lorsqu’il devait bientôt les quitter. Quand la maladie l’eut forcé à une retraite complète, il disait avec quelque amertume : « Que n’ai-je plus tôt pensé à jouir de la vie de famille au lieu de la sacrifier pour d’autres qui déjà ne pensent plus à moi. » M. Flourens fut affecté d’une paralysie qui s’empara successivement des organes de son corps ; il avait parfaitement conscience de son état, et dès que le mal ne lui permit plus d’être maître de sa parole et de ses idées, il cessa de paraître dans les académies. Il suivait les progrès du mal sans que sa sérénité d’esprit en fût atteinte ; il s’éteignit graduellement et mourut à Montgeron, près Paris, le 3 décembre 1867.