Page:Bernard - La science expérimentale.djvu/428

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mènes de l’intelligence et de la conscience, quelque inconnus qu’ils soient dans leur essence, quelque extraordinaires qu’ils nous apparaissent, exigent, pour se manifester, des conditions organiques ou anatomiques, des conditions physiques et chimiques qui sont accessibles à ses investigations, et c’est dans ces limites exactes qu’il circonscrit son domaine.

Partout, en effet, nous constatons une corrélation rigoureuse entre l’intensité des phénomènes physiques et chimiques et l’activité des phénomènes de la vie ; c’est pourquoi il nous est possible, en agissant sur les premiers, de modifier les seconds et de les régler à notre gré. De même que les autres phénomènes vitaux, les manifestations intellectuelles sont troublées, affaiblies, éteintes ou ranimées par de simples modifications survenues dans les propriétés physiques ou chimiques du sang : il suffit de vicier ce liquide nourricier en y introduisant des anesthésiques ou certaines substances toxiques pour faire aussitôt naître le délire ou disparaître la conscience. La pensée libre, pour se manifester, exige la réunion harmonique dans le