actes intellectuels que nous manifestons n’atteignent réellement toute la perfection dont ils sont susceptibles que lorsque l’habitude les a imprimés dans notre organisation et les a rendus en quelque sorte indépendants de l’intelligence consciente qui les a formés et de l’attention qui les a dirigés. Chez l’orateur habile la parole est comme instinctive, et on voit, chez le musicien exercé, les doigts exécuter d’eux-mêmes les morceaux les plus difficiles, sans que l’intelligence, souvent distraite par d’autres pensées, y prenne aucune part.
Parmi tous les centres nerveux acquis, celui de la parole est sans contredit le plus important : en nous permettant de communiquer directement avec les autres hommes, il ouvre à notre esprit les plus vastes horizons. Un médecin célèbre de l’institution des sourds-muets, Itard[1] nous a dépeint l’état intellectuel et moral des hommes qu’un mutisme congénital laisserait réduits à leur propre expérience. Non-
- ↑ Itard, Traité des maladies de l’oreille et de l’audition. 2e édit. Paris, 1842.