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a perdu conséquemment la faculté de chercher sa nourriture ; mais, si l’on y supplée en poussant la matière alimentaire jusqu’au fond du gosier ; la digestion s’effectue parce que l’action des centres nerveux digestifs est restée intacte.

Un animal dépourvu de ses lobes cérébraux n’a plus la faculté de se mouvoir spontanément et volontairement ; mais si l’on substitue à l’influence de sa volonté une autre excitation, on s’assure que les centres nerveux coordinateurs des mouvements de ses membres ont conservé leur intégrité. De cette manière s’explique ce fait, étrange et bien connu, d’une grenouille décapitée qui écarte avec sa patte la pince qui la fait souffrir. On ne saurait admettre que ce mouvement si bien approprié à son but soit un acte volontaire du cerveau ; il est évidemment sous la dépendance d’un centre qui, siégeant dans la moelle épinière, peut entrer en fonction, tantôt sous l’influence centrale du sens intime et de la volonté, tantôt sous l’influence d’une sensation extérieure ou périphérique.

Chaque fonction du corps possède ainsi son