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Les corps bruts étant tous dépourvus de spontanéité, les manifestations de leurs propriétés demeurent enchaînées d’une manière absolue aux variations des circonstances qui les environnent, ce qui permet à l’expérimentateur de les atteindre facilement et de les modifier à son gré.

Les êtres vivants, étant au contraire doués de spontanéité, nous apparaissent comme s’ils étaient tous pourvus d’une force intérieure qui rend les manifestations de la vie d’autant plus indépendantes des variations des influences extérieures que l’être s’élève davantage dans l’échelle de l’organisation. Chez l’homme et chez les animaux supérieurs, cette force vitale semble avoir pour résultat de soustraire le corps vivant aux influences physico-chimiques générales et de le rendre ainsi tout à fait inaccessible aux procédés ordinaires d’expérimentation. D’un autre côté, tous les phénomènes des animaux vivants sont reliés par la sensibilité et maintenus par elle dans une harmonie réciproque telle qu’il paraît impossible de séparer une partie de leur organisme sans amener immédiatement un trouble dans tout son ensemble.