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l’atteignit presque à bout portant dans le flanc gauche[1]. La cavité abdominale avait été ouverte par une énorme plaie contuse, et l’estomac, largement perforé, laissait échapper les aliments du dernier repas. Le malade fut soigné par le docteur Beaumont, chirurgien à l’armée des États-Unis ; il guérit, mais en conservant une plaie fistuleuse de trente-cinq à quarante millimètres de circonférence, à travers laquelle on pouvait introduire différents corps et inspecter facilement ce qui se passait dans l’estomac. Le docteur Beaumont, voulant étudier ce cas remarquable, s’attacha en qualité de domestique ce jeune homme, dont la santé et les facultés digestives en particulier s’étaient complétement rétablies. Il put le garder à son service pendant sept années, durant lesquelles il fit un très-grand nombre d’observations du plus haut intérêt pour la physiologie. À jeun, en regardant dans l’intérieur de l’estomac, on en apercevait distinctement la membrane interne ; elle formait des

  1. Voy. Claude Bernard, Leçons de physiologie expérimentale appliquée à la médecine. Paris, 1856, tome II, p. 382.