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sensibilité physique et morale, c’est ce qui a fait dire qu’elle a le cœur plus tendre que l’homme.

Mais je m’arrête dans ces considérations, qui nous entraîneraient trop loin, et je terminerai par une conclusion générale.

La science ne contredit point les observations et les données de l’art, et je ne saurais admettre l’opinion de ceux qui croient que le positivisme scientifique doit tuer l’inspiration. Suivant moi, c’est le contraire qui arrivera nécessairement. L’artiste trouvera dans la science des bases plus stables, et le savant puisera dans l’art une intuition plus assurée. Il peut sans doute exister des époques de crise dans lesquelles la science, à la fois trop avancée et encore trop imparfaite, inquiète et trouble l’artiste plutôt qu’elle ne l’aide. C’est ce qui peut arriver aujourd’hui pour la physiologie à l’égard du poëte et du philosophe ; mais ce n’est là qu’un état transitoire, et j’ai la conviction que quand la physiologie sera assez avancée, le poëte, le philosophe et le physiologiste s’entendront tous.

Revue des Deux-Mondes, 1er mars 1865.