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amener des animaux à avoir seulement les quatre membres paralysés, ou bien les quatre membres et la tête. Enfin j’ai pu aller plus loin et paralyser les mouvements thoraciques en ne conservant intègre que le nerf diaphragmatique, qui suffit pour empêcher l’asphyxie.

Le curare sert ainsi de moyen contentif au physiologiste, car les animaux, exactement comme s’ils étaient solidement attachés sur une table de laboratoire (fig. 12 et 13), sont véritablement enchaînés pendant plusieurs heures dans de telles expériences, qui offrent d’ailleurs de l’intérêt à beaucoup d’autres points de vue. On observe alors, quand le curare agit en petite proportion, des sortes d’agitation non douloureuses dans les membres, par suite de cette loi que toute substance qui, à haute dose, éteint les propriétés d’un élément organique, les excite à petite dose. Quand l’action du curare est arrivée à son summum, l’élimination fait peu à peu disparaître le poison du sang ; en même temps et parallèlement cessent tous les symptômes paralytiques ; puis, aussitôt qu’ils sont dissipés, l’animal se lève et court alerte absolument