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des procédés physiologiques dont la science comprend et règle l’action. Si la blessure a eu lieu dans un membre, la première chose à faire est de poser une ligature sur ce membre au-dessus de la plaie empoisonnée. Nous savons qu’en empêchant ainsi le curare d’arriver au cœur, on s’oppose à l’empoisonnement de l’organisme ; mais que faire ensuite ? Le poison est toujours là, et si l’on enlève le bandage, l’intoxication, que l’on a retardée ou suspendue, n’en arrivera pas moins. Il n’y aurait à prendre qu’un parti extrême, qui du reste a été conseillé : à l’aide d’un couteau, enlever toute la surface empoisonnée ou, pour plus de sûreté encore, retrancher le membre au-dessous de la ligature. Sans doute, l’amputation serait préférable à une mort certaine ; mais on peut mieux faire, car si nous réfléchissons aux notions expérimentales que nous avons acquises, nous verrons que la physiologie nous fournit la possibilité d’éviter à la fois la mort et la perte du membre.

Rappelons-nous qu’un animal empoisonné par le curare n’est pas privé de tous ses mouve-