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Le poison est donc, ainsi que nous l’avons dit en commençant cette étude, un instrument qui nous a fait pénétrer dans les replis les plus cachés de notre organisation, et nous a permis d’en saisir les phénomènes les plus délicats. En parcourant les diverses phases de l’empoisonnement, nous avons vu que le curare détruit le mouvement en laissant persister la sensibilité. De plus, nous avons prouvé qu’il n’atteint qu’un des éléments efficaces du mouvement, le nerf moteur, car le cœur continue à battre, et les muscles ont conservé leur faculté contractile intacte.

La conclusion physiologique qui ressort de ces expériences est très-claire : l’élément nerveux sensitif, l’élément nerveux moteur et l’élément musculaire ont chacun leur autonomie, puisque le curare les sépare et n’est toxique que pour un seul d’entre eux. Rappelons-nous pourtant que, malgré leur indépendance, les éléments organiques n’ont d’effet physiologique que par l’ensemble de leurs rapports. La manifestation motrice chez l’homme ou chez un animal exige le concours de trois termes ou élé-