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les premiers moments, l’animal farouche, blotti dans son coin, faisait entendre des grondements mêlés d’aboiements toutes les fois qu’on se dirigeait vers lui. Après six ou sept minutes, l’animal se coucha, ses jambes ne pouvaient plus le soutenir, et ses cris s’éteignirent, mais il n’en était pas moins furieux. Toutes les fois qu’on approchait, il montrait les dents et roulait des yeux flamboyants. Quand on lui présentait un bâton, il le mordait avec force et avec une rage silencieuse. Cette rage ne s’éteignit qu’avec la vie, et lorsque le chien ne pouvait plus la manifester par ses lèvres et par ses dents, elle était encore dans ses regards, qui, les derniers, exprimèrent sa furie.

Les deux expériences qui précèdent nous montrent que dans la mort par le curare l’intelligence n’est point anéantie ; chacun de nos animaux a conservé son caractère jusqu’au bout, et si les manifestations caractéristiques ont disparu, ce n’est pas parce qu’elles se sont réellement éteintes, mais parce qu’elles se sont trouvées successivement refoulées et comme envahies par l’action paralytique du poison. En