Cette première expérience analytique faite sur la grenouille a ensuite été répétée de la même manière sur d’autres animaux plus rapprochés de l’homme et appartenant à la classe des oiseaux et des mammifères. J’ai constaté des résultats tout à fait semblables, et l’autopsie physiologique me montra que, comme chez la grenouille, l’élément nerveux moteur avait été seul atteint par le curare, tandis que les autres éléments organiques avaient conservé leurs propriétés physiologiques.
L’observation attentive des symptômes de l’empoisonnement sur les animaux élevés vint me révéler des particularités intéressantes relatives à la sensibilité et à l’intelligence.
Un chien d’une humeur douce avait été blessé par une flèche empoisonnée. D’abord l’animal ne s’en aperçut pas : il courait, gambadait joyeusement comme à l’ordinaire ; mais bientôt, comme s’il eût été fatigué, il se coucha sur le ventre, dans une attitude très-naturelle. Quand on appelait, le chien, il répondait à l’appel ; il se levait et venait, après des sommations réitérées et avec une sorte de lassitude.