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l’extinction vitale des éléments nerveux qui font contracter les muscles doive amener la mort de l’organisme tout entier par la cessation successive de tous les mouvements. L’arrêt des mouvements respiratoires produit particulièrement ce résultat en empêchant dans le milieu organique sanguin l’aération, qui est indispensable pour entretenir la vie de tous les éléments organiques qui nous composent. Si le cœur conserve encore ses mouvements, cela prouve, ainsi qu’on le savait déjà, qu’il n’est pas influencé par le système nerveux comme les autres muscles, ce qui lui permet d’être, suivant l’expression de Haller, l’organe primum vivens et l’organe ultimum moriens. En outre la démonstration de cette action nette et caractéristique du curare, qui tue l’élément nerveux et respecte l’élément musculaire, a résolu la question de ce qu’on appelait l’irritabililé hallérienne, en prouvant expérimentalement que la propriété contractile du muscle est distincte de la propriété du nerf qui l’excite, puisque le poison parvient à les séparer immédiatement l’une de l’autre.