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C’est ce qui fait que les animaux vigoureux sont plus faciles à empoisonner que les animaux languissants, et que, toutes choses égales d’ailleurs (taille de l’animal, dose du poison), les animaux à sang chaud meurent plus vite que les animaux à sang froid, et parmi les premiers les oiseaux plus vite que les mammifères.

La plaie empoisonnée par le curare n’est le siége d’aucune douleur ni d’aucune irritation particulière, le venin ne possède par lui-même aucune propriété caustique, de sorte que si la piqûre a été rapide, l’animal est empoisonné sans s’en apercevoir.

M. Boussingault m’a dit que, lorsque les Indiens blessent des oiseaux à la chasse avec les petites flèches qu’ils lancent à l’aide d’une sarbacane, et dont la pointe est acérée comme celle d’une aiguille, il arrive souvent que l’animal ne sent pas la blessure et qu’il meurt sur place en une minute ou deux.

Il n’en est pas ainsi quand on emploie de plus grandes flèches sur des animaux qui fuient ; néanmoins la paralysie due à l’action du poison arrive assez vite pour que l’animal s’arrête et