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voyage en Amérique un général colombien atteint d’épilepsie, qui, pour éviter les accès de sa terrible maladie, avalait des pilules assez volumineuses de curare. Les expériences sur les animaux ont confirmé les observations faites sur l’homme. On peut mélanger aux aliments d’un chien ou d’un lapin du curare en quantité beaucoup plus considérable qu’il ne serait nécessaire pour l’empoisonner par une plaie, et cela sans que l’animal en éprouve aucun inconvénient.

Toutefois il ne faudrait pas croire qu’il y ait là une propriété merveilleuse particulière au curare. C’est une simple question de dose et de rapidité de l’absorption.

Je me suis assuré par des expériences nombreuses que chez les jeunes animaux à jeun (mammifères et oiseaux), lorsque l’absorption intestinale est devenue plus active, le curare ne peut plus être aussi impunément introduit dans l’estomac, de sorte que cela se réduit simplement à dire qu’il faut des quantités beaucoup plus grandes de curare pour agir par les voies digestives que par une piqûre sous-cutanée.