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toxiques végétaux par une altérabilité plus grande ; le venin de crapaud, par exemple, résiste à l’ébullition et se dissout dans l’alcool et l’éther. Il faudrait donc, pour résoudre la question de la composition du curare, saisir sur place l’agent réellement actif et le débarrasser de tous les ingrédients inutiles. Jusqu’ici les voyageurs, il est vrai, nous ont fourni le curare, mais avec lui ils ne nous ont rapporté que des récits et des descriptions contradictoires de procédés de préparation. Aucun n’a essayé sur les lieux d’expérimenter par lui-même, pour savoir quelle était réellement la plante vénéneuse qui le constituait, afin de la caractériser et de la rapporter en Europe.

Le curare, à l’égal de beaucoup d’autres poisons énergiques, entrera certainement dans le domaine de la médecine ; mais il serait nécessaire pour cela d’en connaître exactement la composition dans un temps assez rapproché. En effet, M. Émile Carrey nous apprend, dans l’intéressante relation de son voyage, que beaucoup de peuplades indiennes ont déjà renoncé à l’arme empoisonnée de l’homme primitif pour