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grande partie des débris de végétaux. Le vrai curare paraît conserver son activité d’une manière indéfinie, même à l’état de solution dans l’eau. J’en conserve ainsi depuis plus de dix ans qui semble n’avoir rien perdu sensiblement de ses propriétés toxiques, bien qu’il se soit produit des moisissures en grande quantité à la surface du liquide. Comme l’eau, le sang et les humeurs animales, l’alcool dissout le venin curarique ; l’éther et l’essence de térébenthine au contraire le précipitent. MM. Boussingault et Roulin ont préparé, sous le nom de curarine, le principe actif du curare. Toutefois le corps qu’ils ont obtenu n’est point cristallisable et défini ; la curarine est une substance d’apparence cornée, très-hygrométrique, très-soluble dans l’eau et dans l’alcool.

Les caractères qui viennent d’être indiqués, de même que l’inaltérabilité du curare à l’ébullition et aux agents chimiques, ne sauraient permettre aucune induction sur la nature animale ou végétale du poison. En effet, c’est par erreur que l’on a cru jusqu’ici que tous les agents toxiques animaux se distinguaient des agents