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Et les efforts ne furent pas petits qu’il fallut déployer pour bannir du terrain de la physiologie cette inconnue menaçante. Le plus célèbre des physiologistes français, Bichat, lui avait donné droit de cité. Et depuis lui, chacun avait cru devoir compter avec cette puissance capricieuse, avec ces fonctions vitales, dont le rôle était de résister aux lois générales de la matière, et qui faisaient ainsi des actes accomplis par les êtres vivants une série de miracles. Certes, Magendie n’était pas homme à se laisser intimider par ce fantôme ; mais, ou bien il simplifiait systématiquement et artificiellement les faits, pour ne les dominer que d’une manière incomplète, ou bien la multiplicité des conditions auxquelles obéissent les phénomènes vitaux lui enlevait toute confiance théorique en la conclusion. Or, sans conclusions point de science. Claude Bernard se montra donc, et cela, nous le répétons, presque dès ses débuts, supérieur à la fois à