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à nos oreilles comme des échos lointains de doctrines surannées, ne sauraient plus nous arrêter. Descartes, Leibniz, Lavoisier, nous ont appris que la matière et ses lois ne diffèrent pas dans les corps vivants et dans les corps bruts ; ils nous ont montré qu’il n’y a au monde qu’une seule mécanique, une seule physique, une seule chimie, communes à tous les êtres de la nature. Il n’y a donc pas deux ordres de sciences.

Toute science digne de ce nom est celle qui, connaissant les lois précises des phénomènes, les prédit sûrement et les maîtrise quand ils sont à sa portée. Tout ce qui reste en dehors de ce caractère n’est qu’empirisme ou ignorance, car il ne saurait y avoir des demi-sciences ni des sciences conjecturales. C’est une erreur profonde de croire que dans les corps vivants nous ayons à nous préoccuper de l’essence même et du principe de la vie. Nous ne pouvons remonter au principe de rien, et le physiologiste n’a pas plus affaire avec le principe de la vie que le chimiste avec le principe de l’affinité des corps. Les causes premières nous échap-