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son acte vivifique. L’âme immortelle, force intelligente et raisonnable, gouverne directement la matière du corps, le met en œuvre, la dirige vers sa fin. C’est elle qui non-seulement dicte nos actes volontaires, mais c’est elle qui fait battre le cœur, circuler le sang, respirer le poumon, sécréter les glandes. Si l’harmonie de ces phénomènes est troublée, si la maladie survient, c’est que l’âme n’a pas rempli ces fonctions, ou n’a pu résister efficacement aux causes extérieures de destruction. Une semblable doctrine avait quelque chose d’étrange et de contradictoire, car l’action d’une âme raisonnable sur les actes vitaux semble supposer une direction consciente, et l’observation la plus simple nous apprend que toutes les fonctions de nutrition, — circulation, sécrétions, digestion, etc., — sont inconscientes et involontaires, comme si, selon l’expression d’un physiologiste philosophe, la nature avait voulu par prudence soustraire ces importants phénomènes aux caprices d’une volonté ignorante. L’animisme de Stahl était donc empreint d’une exagération qui porta ses successeurs, sinon à