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qui crée la machine vivante et répare ses pertes incessantes.

Les anciens physiologistes animistes et vitalistes avaient bien aperçu cette double face que représentent les phénomènes des êtres vivants. C’est pourquoi ils admettaient qu’un principe intérieur de la vie, qui était le principe créateur ou régénérateur, se trouvait en lutte avec les forces physico-chimiques extérieures qui constituent les agents destructeurs de l’organisme. Toutefois, si les influences physico-chimiques extérieures sont les causes de la mort ou de désorganisation de la matière vivante, cela ne veut pas dire, comme l’ont cru les vitalistes, qu’il y ait incompatibilité entre les phénomènes de la vie et les phénomènes physico-chimiques ; il y a au contraire, comme nous l’avons vu, harmonie parfaite et nécessaire, car les causes qui détruisent la matière organisée sont celles qui la font vivre, c’est-à-dire manifester ses propriétés. Cela ne prouve pas davantage qu’il y ait combat ou lutte entre deux principes opposés, l’un de vie, qui résiste, l’autre de mort, qui attaque et finit toujours