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plus haut que la matière organisée est dépourvue de spontanéité comme la matière brute, elle ne peut pas plus qu’elle avoir conscience des phénomènes qu’elle présente.

Pour le physiologiste qui se fait une juste idée des phénomènes vitaux, le rétablissement de la vie et de l’intelligence dans une tête sous l’influence de la transfusion du sang oxygéné n’a absolument rien d’anormal ou d’étonnant ; c’est le contraire qui le surprendrait. En effet, le cerveau est un mécanisme conçu et organisé de façon à manifester les phénomènes intellectuels par l’ensemble d’un certain nombre de conditions. Or, si l’on enlève une de ces conditions (l’oxygène du sang par exemple), il est bien certain qu’on ne saurait concevoir que le mécanisme puisse continuer de fonctionner ; mais si l’on restitue la circulation sanguine oxygénée avec les précautions exigées, telles qu’une température et une pression convenables, et avant que les éléments cérébraux soient altérés, il n’est pas moins nécessaire que le mécanisme cérébral reprenne ses fonctions normales.