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apparaissent dans un être vivant retrouvent leurs lois en dehors de lui, de sorte qu’on pourrait dire que toutes les manifestations de la vie se composent de phénomènes empruntés, quant à leur nature, au monde cosmique extérieur, mais possédant seulement une morphologie spéciale, en ce sens qu’ils sont manifestés sous des formes caractéristiques et à l’aide d’instruments physiologiques spéciaux. Sous le rapport physico-chimique, la vie n’est donc qu’une modalité des phénomènes généraux de la nature ; elle n’engendre rien ; elle emprunte ses forces au monde extérieur, et ne fait qu’en varier les manifestations de mille et mille manières. Ne pourrait-on pas ajouter que l’intelligence elle-même, dont les phénomènes caractérisent l’expression la plus élevée de la vie, se révèle en dehors des êtres vivants dans l’harmonie des lois de l’univers ? Mais nulle part ailleurs que dans les corps vivants elle n’est traduite par des instruments qui nous la manifestent sous la forme de sensibilité, de volonté. Ainsi se trouverait réalisée la pensée antique, que l’organisme vivant est un microcosme (petit