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La pensée scientifique des anciens n’a donc pu être que de découvrir et de constater les lois qui régissent les phénomènes de la nature, tandis que la pensée scientifique expérimentale moderne doit être d’expliquer ces phénomènes et de les maîtriser au profit de l’humanité. Nous savons que par la physique et par la chimie l’homme a déjà assuré sa domination sur les phénomènes des corps bruts ; mais une autre conséquence également nécessaire de l’évolution scientifique que j’ai voulu proclamer ici, c’est que par la physiologie l’homme doit ambitionner aussi d’étendre sa puissance sur les phénomènes des êtres vivants.

La civilisation moderne, en conquérant par la science la nature inorganique et la nature organisée, se trouvera placée dans des conditions nouvelles entièrement inconnues aux civilisations antiques. C’est pourquoi il n’est peut-être pas toujours logique d’invoquer l’histoire des peuples anciens pour supputer les destinées des peuples nouveaux. L’humanité semble avoir compris aujourd’hui que son but est non plus la contemplation passive, mais le progrès et