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applications de la méthode expérimentale.

servons et que nous mesurons présente en elle un danger sérieux. Échappant à toute définition précise et indépendante des faits particuliers, elles nous amènent bien plus souvent que nous ne le pensons à commettre de véritables pétitions de principes, et à nous contenter d’explications spécieuses qui ne peuvent résister à une critique sévère. L’affinité principalement, définie comme la force qui préside aux combinaisons chimiques, a été pendant longtemps et est encore une cause occulte, une sorte d’archée à laquelle on rapporte tous les faits incompris et qu’on considère dès lors comme expliqués, tandis qu’ils ne sont souvent que classés et souvent même mal classés : de même on attribue à la force catalytique[1] une multitude de phénomènes fort obscurs et qui, selon moi, le deviennent davantage lorsqu’on les rapporte en bloc à une cause entièrement inconnue. Certainement on a cru les ranger dans une même catégorie quand on leur a donné le même nom. Mais la légitimité de cette classification n’a même pas été démontrée. Qu’y a-t-il, en effet, de plus arbitraire que de placer les uns à côté des autres les phénomènes catalytiques qui dépendent de l’action ou de la présence de la mousse de platine et de l’acide sulfurique concentré, quand le platine ou l’acide ne sont pas, pour ainsi dire, partie prenante dans l’opération ? Ces phénomènes seront peut-être expliqués plus tard d’une

  1. Tout ceci est applicable aux forces inventées récemment, forces de dissolution, de diffusion, force cristallogénique, à toutes les forces particulières attractives et répulsives qu’on fait intervenir pour expliquer les phénomènes de caléfaction, de surfusion, les phénomènes électriques, etc.