Page:Bernard - Introduction à l’étude de la médecine expérimentale, Baillière, 1865.djvu/327

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
321
exemples de critique expérimentale physiologique.

faire évacuer le liquide céphalorachidien. Or, l’expérimentateur vit, en revenant continuer son expérience, que cette simple opération préliminaire avait produit la même titubation, quoique le liquide céphalo-rachidien n’eût pas été soustrait. On avait donc attribué à la soustraction du liquide céphalo-rachidien ce qui n’était que le fait de la section des muscles de la nuque. Évidemment l’expérience comparative eût résolu la difficulté. Il aurait fallu, dans ce cas, mettre, ainsi que nous l’avons dit, deux animaux dans les mêmes conditions moins une, c’est-à-dire mettre la membrane occipito-atloïdienne à nu chez deux animaux, et ne la piquer, pour faire écouler le liquide, que chez l’un d’eux ; alors on aurait pu juger par comparaison et préciser ainsi la part exacte de la soustraction du liquide céphalo-rachidien dans les désordres de la myotilité. Je pourrais citer un grand nombre d’erreurs arrivées à des expérimentateurs habiles pour avoir négligé le précepte de l’expérience comparative. Seulement, comme il est souvent difficile, ainsi que l’ont prouvé les exemples que j’ai cités, de savoir d’avance si l’expérience comparative sera nécessaire ou non, je répète qu’il faut, pour éviter tout embarras, admettre l’expérience comparative comme une véritable consigne devant être exécutée même quand elle est inutile, afin de ne pas en manquer quand elle est nécessaire. L’expérience comparative aura lieu tantôt sur deux animaux, comme nous l’avons dit dans le cas précédent, tantôt, pour être plus exacte, elle devra porter sur deux organes similaires d’un même animal.