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exemples de critique expérimentale physiologique.

rentes ; il continuait à expérimenter et disait toujours ce qu’il voyait. L’esprit de M. Longet, au contraire, voulait avoir la vérité d’un côté ou de l’autre ; c’est pourquoi il se décida pour les expériences de 1841, c’est-à-dire pour les expériences négatives, et voici ce qu’il dit, à ce propos : « Bien que j’aie fait valoir à cette époque (1839) mes prétentions à la découverte de l’un de ces faits (la sensibilité récurrente), aujourd’hui, que j’ai multiplié et varié les expériences sur ce point de physiologie, je viens combattre ces mêmes faits comme erronés, qu’on les regarde comme la propriété de Magendie ou la mienne. Le culte dû à la vérité exige qu’on ne craigne jamais de revenir sur une erreur commise. Je ne ferai que rappeler ici l’insensibilité tant de fois prouvée par nous des racines et des faisceaux antérieurs, pour que l’on comprenne bien l’inanité de ces résultats qui, comme tant d’autres, ne font qu’encombrer la science et gêner sa marche.[1] » Il est certain, d’après cet aveu, que M. Longet n’est animé que du désir de trouver la vérité, et M. Longet le prouve quand il dit qu’il ne faut jamais craindre de revenir sur une erreur commise. Je partage tout à fait son sentiment et j’ajouterai qu’il est toujours instructif de revenir d’une erreur commise. Ce précepte est donc excellent et chacun peut en faire usage ; car tout le monde est exposé à se tromper, excepté ceux qui ne font rien. Mais, la première condition pour revenir d’une erreur, c’est de prouver qu’il y a erreur. Il ne suffit pas de dire : je me suis trompé ; il faut dire

  1. Longet, loc. cit., p. 21.