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exemples d’investigation expérimentale, etc.

j’observai par hasard que le sang de la veine rénale était rutilant, tandis que le sang des veines voisines était noir comme du sang veineux ordinaire. Cette particularité imprévue me frappa et je fis ainsi l’observation d’un fait nouveau qu’avait engendré l’expérience et qui était étranger au but expérimental que je poursuivais dans cette même expérience. Je renonçai donc à mon idée primitive qui n’avait pas été vérifiée et je portai toute mon attention sur cette singulière coloration du sang veineux rénal, et lorsque je l’eus bien constatée et que je me fus assuré qu’il n’y avait pas de cause d’erreur dans l’observation du fait, je me demandai tout naturellement quelle pouvait en être la cause. Ensuite, examinant l’urine qui coulait par l’uretère et en réfléchissant, l’idée me vint que cette coloration rouge du sang veineux pourrait bien être en rapport avec l’état sécrétoire ou fonctionnel du rein. Dans cette hypothèse, en faisant cesser la sécrétion rénale, le sang veineux devait devenir noir : c’est ce qui arriva ; en rétablissant la sécrétion rénale, le sang veineux devait redevenir rutilant : c’est ce que je pus vérifier encore chaque fois que j’excitais la sécrétion de l’urine. J’obtins ainsi la preuve expérimentale qu’il y a un rapport entre la sécrétion de l’urine et la coloration du sang de la veine rénale.

Mais ce n’est point encore tout. À l’état normal le sang veineux du rein est à peu près constamment rutilant, parce que l’organe urinaire sécrète d’une manière à peu près continue bien qu’alternativement pour chaque rein. Or, je voulus savoir si la couleur rutilante du sang