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considérations spéciales aux êtres vivants.

donner l’explication des phénomènes morbides en montrant les rapports qu’ils ont avec l’état normal. Il n’y aura jamais de science médicale tant que l’on séparera l’explication des phénomènes de la vie à l’état pathologique de l’explication des phénomènes de la vie à l’état normal.

C’est donc là que gît réellement le problème médical, c’est la base sur laquelle la médecine scientifique moderne s’édifiera. On le voit, la médecine expérimentale n’exclut pas la médecine clinique d’observation ; au contraire, elle ne vient qu’après elle. Mais elle constitue une science plus élevée et nécessairement plus vaste et plus générale. On conçoit qu’un médecin observateur ou empirique qui ne sort jamais de son hôpital, considère que la médecine s’y renferme tout entière comme une science qui est distincte de la physiologie, dont il ne sent pas le besoin. Mais, pour le savant, il n’y a ni médecine ni physiologie distinctes, il n’y a qu’une science de la vie, il n’y a que des phénomènes de la vie qu’il s’agit d’expliquer aussi bien à l’état pathologique qu’à l’état physiologique. En introduisant cette idée fondamentale et cette conception générale de la médecine dans l’esprit des jeunes gens dès le début de leurs études médicales, on leur montrerait que les sciences physico-chimiques qu’ils ont dû apprendre sont des instruments qui les aideront à analyser les phénomènes de la vie à l’état normal et pathologique. Quand ils fréquenteront l’hôpital, les amphithéâtres et les laboratoires, ils saisiront facilement le lien général qui unit toutes les sciences médicales, au lieu de les