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de l’expérimentation chez les êtres vivants.

des livres l’autorité des faits précisés dans la nature à l’aide de moyens d’expérimentation de plus en plus perfectionnés ; le plus grand mérite de Bacon est d’avoir proclamé bien haut cette vérité. Je considère, quant à moi, que reporter aujourd’hui la médecine vers ces commentaires attardés et vieillis de l’antiquité, c’est rétrograder et retourner vers la scolastique, tandis que la diriger vers les laboratoires et vers l’étude analytique expérimentale des maladies, c’est marcher dans la voie du véritable progrès, c’est-à-dire vers la fondation d’une science médicale expérimentale. C’est chez moi une conviction profonde que je chercherai toujours à faire prévaloir, soit par mon enseignement, soit par mes travaux.

Le laboratoire physiologique doit donc être, actuellement, l’objet cumulant des études du médecin scientifique ; mais il importe encore ici de m’expliquer afin d’éviter les malentendus. L’hôpital ou plutôt la salle de malades n’est pas le laboratoire du médecin comme on le croit souvent ; ce n’est, ainsi que nous l’avons dit plus haut, que son champ d’observation ; c’est là que doit se faire ce qu’on appelle la clinique, c’est-à-dire l’étude aussi complète que possible de la maladie au lit du malade. La médecine débute nécessairement par la clinique, puisque c’est elle qui détermine et définit l’objet de la médecine, c’est-à-dire le problème médical ; mais, pour être la première étude du médecin, la clinique n’est pas pour cela la base de la médecine scientifique : c’est la physiologie qui est la base de la médecine scientifique, parce que c’est elle qui doit