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considérations spéciales aux êtres vivants.

un minéralogiste pourraient dire que la physique et la chimie ne sont que des démembrements de la géologie et de la minéralogie qui comprennent la connaissance générale de la terre et des minéraux. Il y a là des erreurs ou au moins des malentendus qu’il importe d’expliquer. D’abord il faut savoir que toute nos divisions de sciences ne sont pas dans la nature ; elles n’existent que dans notre esprit qui, à raison de son infirmité, est obligé de créer des catégories de corps et de phénomènes afin de mieux les comprendre en étudiant leurs qualités ou propriétés sous des points de vue spéciaux. Il en résulte qu’un même corps peut être étudié minéralogiquement, physiologiquement, pathologiquement, physiquement, chimiquement, etc. ; mais au fond il n’y a dans la nature ni chimie, ni physique, ni zoologie, ni physiologie, ni pathologie ; il n’y a que des corps qu’il s’agit de classer et des phénomènes qu’il s’agit de connaître et de maîtriser. Or la science qui donne à l’homme le moyen d’analyser et de maîtriser expérimentalement les phénomènes est la science la plus avancée et la plus difficile à atteindre. Elle doit nécessairement arriver à être constituée la dernière ; mais on ne saurait pour cela la considérer comme un démembrement des sciences qui l’ont précédée. Sous ce rapport la physiologie, qui est la science des êtres vivants la plus difficile et la plus élevée, ne saurait être regardée comme un démembrement de la médecine ou de la zoologie, pas plus que la physique et la chimie ne sont un démembrement de la géologie ou de la minéralogie. La physique et la chimie sont les deux scien-