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de l’expérimentation chez les êtres vivants.

Mais heureusement il nous suffira de bien isoler le seul phénomène sur lequel doit porter notre examen en le séparant, à l’aide de l’expérimentation comparative, de toutes les complications qui peuvent l’environner. Or, l’expérimentation comparative atteint ce but en ajoutant dans un organisme semblable, qui doit servir de comparaison, toutes les modifications expérimentales, moins une, qui est celle que l’on veut dégager.

Si l’on veut savoir, par exemple, quel est le résultat de la section ou de l’ablation d’un organe profondément situé, et qui ne peut être atteint qu’en blessant beaucoup d’organes circonvoisins, on est nécessairement exposé à confondre dans le résultat total ce qui appartient aux lésions produites par le procédé opératoire avec ce qui appartient proprement à la section et à l’ablation de l’organe dont on veut juger le rôle physiologique. Le seul moyen d’éviter l’erreur consiste à pratiquer sur un animal semblable une opération identique, mais sans faire la section ou l’ablation de l’organe sur lequel on expérimente. On a alors deux animaux chez lesquels toutes les conditions expérimentales sont les mêmes sauf une, l’ablation d’un organe, dont les effets se trouvent alors dégagés et exprimés par la différence que l’on observe entre les deux animaux. L’expérimentation comparative est une règle générale et absolue en médecine expérimentale et elle s’applique à toute espèce de recherche, soit qu’on veuille connaître les effets sur l’économie des agents divers qui exercent une influence sur elle, soit qu’on veuille reconnaître par des expé-