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de l’observation et de l’expérience.

caractérisé un peu différemment l’observation et l’expérience. Pour eux l’observation consiste dans la constatation de tout ce qui est normal et régulier. Peu importe que l’investigateur ait provoqué lui-même, ou par les mains d’un autre, ou par un accident, l’apparition des phénomènes, dès qu’il les considère sans les troubler et dans leur état normal, c’est une observation qu’il fait. Ainsi dans les deux exemples de fistule gastrique que nous avons cités précédemment, il y aurait eu, d’après ces auteurs, observation, parce que dans les deux cas on a eu sous les yeux les phénomènes digestifs conformes à l’état naturel. La fistule n’a servi qu’à mieux voir, et à faire l’observation dans de meilleures conditions.

L’expérience, au contraire, implique, d’après les mêmes physiologistes, l’idée d’une variation ou d’un trouble intentionnellement apportés par l’investigateur dans les conditions des phénomènes naturels. Cette définition répond en effet à un groupe nombreux d’expériences que l’on pratique en physiologie et qui pourraient s’appeler expériences par destruction. Cette manière d’expérimenter, qui remonte à Galien, est la plus simple, et elle devait se présenter à l’esprit des anatomistes désireux de connaître sur le vivant l’usage des parties qu’ils avaient isolées par la dissection sur le cadavre. Pour cela, on supprime un organe sur le vivant par la section ou par l’ablation, et l’on juge, d’après le trouble produit dans l’organisme entier ou dans une fonction spéciale, de l’usage de l’organe enlevé. Ce procédé expérimental essentiellement analytique est